IDÉALISME

n. m.

1. Épist./Phi. Doctrine selon laquelle l’existence du sujet est une condition nécessaire à l’existence des objets. Doctrine qui réduit l’Être à la Pensée, à l’Esprit ou aux Idées (entendus selon diverses acceptions) et qui tend à ramener la réalité à la connaissance qu’en a l’esprit, ou aux représentations qu’il en a, voire à affirmer que seuls existent ces représentations, ces Idées ou l’Esprit. Ant. matérialisme; réalisme. VA connaissance, Q; burnout, A1.1 et B2; philosophie, D.

2. Esth. Ensemble des doctrines qui fait de l’idéalisation du réel et non de son imitation la fin de l’art. Ant. naturalisme; réalisme.

3. Log. Théorie de la signification qui soutient que la réalité est dépendante de l’esprit, car créée dedans et à travers les discours.

4. Mor. Attitude de celui qui prend un absolu, une perfection, un rêve, une utopie comme principe de son action et de ses pensées. Ant. pragmatisme; réalisme.

5. Rech. VA recherche, U.

A. Origine. Le terme idéalisme commence à être employé pour caractériser certains systèmes philosophiques selon leurs traits métaphysiques ou épistémologiques, tout au début du XVIIIe s. Il est utilisé premièrement en opposition à celui de matérialisme, et plus tard aussi à ceux de réalisme et d’empirisme. Ainsi, le premier à l’avoir utilisé, LEIBNIZ, oppose l’idéalisme de PLATON au matérialisme d’ÉPICURE __ AGUIRRE ORAÁ, J. M. dans AUROUX, S. (1990).

B. Typologie. L’idéalisme correspond à une famille de doctrines philosophiques et non à une position unique et précise. Le mot a servi à qualifier diverses doctrines. On peut distinguer l’immatérialisme de George BERKELEY (1685-1753), l’idéalisme transcendental de Emmanuel KANT (1724-1804), l’idéalisme subjectif de Johann Gottlieb FICHTE (1762-1814), l’idéalisme objectif de Friedrich Wilhelm Joseph SCHELLING (1775-1854), l’idéalisme absolu de Georg Wilhelm Friedrich HEGEL (1770-1831) et l’idéalisme phénoménologique de Edmund HUSSERL (1859-1938) (THINÈS, G. et al., 1975). Les points de vue idéalistes apparaissent sous des formes diverses : nominalisme, positivisme, empirisme, pragmatisme, instrumentalisme, phénoménalisme, vérificationnisme, opérationnalisme, etc. En prenant comme référence le schéma fondamental de l’épistémologie S-O (Sujet-connaît-Objet), on peut sûrement avancer que les différentes formes d’idéalisme peuvent varier selon les caractéristiques spécifiques associées au Sujet (S) (sujet collectif/individuel, nature de l’esprit), à l’Objet (O) et à l’acte de connaître (plusieurs conceptions de la « raison » comme source de connaissance).

C. Critique. De nombreux penseurs se sont demandés comment les perceptions ou l’expérience pouvaient engendrer une connaissance d’un monde indépendant de l’esprit. Ce à quoi les idéalistes se sont empressés de répondre qu’un tel monde ne peut être connu, ou qu’il est simplement inexistant, de sorte que ce que nous appelons les objets physiques sont en fait dépendants de l’existence même de notre esprit. BERKELEY, par exemple, soutiendra qu’être, c’est être perçu. Mais pour un réaliste comme G. E. MOORE, avancer que les objets physiques sont en fait dépendants de l’existence même de notre esprit, c’est tenter de défendre l’idéalisme avec des arguments reposant sur des présuppositions réalistes. Dans son article « The Refutation of Idealism », MOORE (1903) ajoute que les idéalistes confondent, par exemple, l’acte de voir une couleur, qui dépend nécessairement de l’esprit, avec l’objet, c’est-à-dire avec la couleur qui, elle, est indépendante de l’esprit. En ce sens, les idéalistes se percevraient à tort comme prisonniers de leurs propres perceptions __ NADEAU, R. (1999). L’idéalisme dévalorise l’expérience et ne tient pas compte de l’erreur, nous laissant seul avec le besoin de vérifier nos hypothèses. En outre, l’idéalisme et l’empirisme font fi du cerveau et du contexte social de la cognition. Parce qu’ils situent l’esprit hors de la nature et de la société, l’empirisme et l’idéalisme ne peuvent fournir aucune explication valable de la genèse du savoir __ BUNGE, M. (1983) : trad.

D. Idéalisme/réalisme.« La grande différence entre le réaliste et l’idéaliste est que l’idéaliste pense et que le réaliste connaît. Pour le réaliste, penser, c’est seulement ordonner des connaissances ou réfléchir sur leur contenu; jamais il n’aurait l’idée de faire de la pensée le point de départ de sa réflexion, parce qu’une pensée n’est pour lui possible que là où il y a d’abord des connaissances. Or, l’idéaliste, du fait qu’il va de la pensée aux choses, ne peut savoir si ce dont il part correspond ou non à un objet; lorsqu’il demande au réaliste comment rejoindre l’objet en partant de la pensée, ce dernier doit s’empresser de répondre qu’on ne le peut pas, et que c’est même la principale raison pour ne pas être idéaliste, car le réalisme part de la connaissance, c’est-à-dire d’un acte de l’intellect qui consiste essentiellement à saisir l’objet » __ GILSON, M. dans LALANDE, A. (1991).

E. Idéalisme/matérialisme. En présentant sa position matérialiste comme un renversement du point de vue hégélien, Karl MARX (1818-1883) a contribué à la généralisation de l’opposition idéalisme/matérialisme. Sont dits alors idéalistes les systèmes de pensée qui acccordent la primauté aux idées ou aux représentations, par opposition aux systèmes qui accordent la première place à la nature ou à la matière. La théorie marxiste est matérialiste dans son étude des formations sociales, dans la mesure où, sans nier l’existence des phénomènes culturels, juridiques et idéologiques, elle en subordonne l’étude à celle des rapports sociaux de production que conditionne l’état du développement des forces productives. MARX considère que la superstructure est déterminée dialectiquement par l’infrastructure économique. Cette position est celle du matérialisme dialectique.

F. CN __ idéaliste : philosophie *.

G. CN __ idéale : valeur *.

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