JEU

1. Péd. (Gén.). Activité physique, mentale ou sociale, pratiquée d’une manière gratuite, facile, volontaire, spontanée et libre, qui amène à s’insérer dans un univers symbolique d’exploration et de créativité, un tel exercice léger n’étant généralement assujetti à aucun objectif précis ni à des règles strictes, car il vise simplement à procurer plaisir et détente tout en contribuant accessoirement au développement de la personne. Qsyn. amusement; divertissement. Composante essentielle (activité, conventions, matériel) de l’activité précédente qui permet au participant d’accéder à un monde imaginaire tout en étant conscient d’évoluer dans une situation irréelle et fantaisiste qui peut être interrompue à tout instant. Les jeux d’enfants.

2. Péd. (Spéc.). Activité physique mentale ou sociale, choisie d’une manière volontaire, spontanée et libre, qui se déroule et se termine d’une façon prédéterminée en respectant un système de règles, dans le but de relever des défis (envers soi-même ou envers d’autres personnes) dont le succès contingent est fonction de la créativité, de l’engagement et des dispositions du participant ainsi que d’une part de hasard. Jeux de dames, de quilles, de billard, de cartes, de Monopoly, de fléchettes, de pétanque, de hasard, de Scrabble, etc. Façon, manière de conduire une telle activité. Un jeu habile, intelligent, nuancé, imprudent, désastreux, osé, etc. VA comportement de retrait; thérapie, E.

3. Éduc. phys. V éducation physique.

A.Étym. Du latin jocus, plaisanterie, badinage; en latin vulgaire, de ludus, amusement, divertissement.

B. Sens. Le terme « jeu » en français est polysémique, c’est-à-dire qu’il a deux ou plusieurs sens. Comme l’indiquent Nicole DE GRANDMONT (1989) et Martine MAURIRAS-BOUSQUET (1991), ces nombreux sens peuvent prêter à confusion. En anglais, les différents sens attribués à « jeu » ont leur vocable respectif (play, game).

C. Jeu/sport. Le jeu se distingue du sport par le fait que le premier est habituellement davantage spontané et empirique que ce dernier. Même si le sport trouve sa source dans le jeu, il est structuré et assujetti à des règles strictes; il vise à relever un défi particulier (développer son corps, se mesurer à soi-même ou à d’autres, battre des records, etc.).

D. Esprit sportif (Fair play). C’est le cas de jouer pour le simple plaisir de jouer sans s’efforcer outre mesure de vouloir gagner à tout prix, ce qui mène généralement à la violence et à la déshumanisation des adversaires __ D’ORMESSON, J. (1991). Cela peut vouloir dire également que l’on respecte rigoureusement les règles ainsi que les résultats de la pratique d’un jeu ou d’un sport.

E. Bienfaits. Selon Joan P. ISENBERG et Mary Renk JOLONGO (1993), les théories classiques expliquent le jeu comme une libération d’un surplus d’énergie, un moyen de récréation et de détente, un phénomène instinctif ou un moyen de récapitulation. Les théories modernes expliquent le jeu dans une perspective psychanalytique (ex. : Sigmund FREUD et Erik Erickson), de développement cognitif (ex. : Jean Piaget, Lev Semenovich Vygotsky et Jerome S. Bruner) ou culturelle (ex. : Gregory BATESON). V pédagogie du jeu.

F. Types. Joan P. ISENBERG et Mary Renk JOLONGO (1993) identifient deux types de jeux : cognitifs et sociaux. Les jeux cognitifs sont liés étroitement aux stades de développement de l’intelligence de Jean PIAGET (V taxonomie de PIAGET). Les jeux sociaux s’inspirent pour leur part des travaux de Mildred PARTEN (1932) qui identifie six formes de jeux allant du jeu solitaire au jeu coopératif. (Voir page suivante)

JEUX COGNITIFS

JEU FONCTIONNEL OU
JEU D’EXERCICES

JEU DE
CONSTRUCTION

JEU SYMBOLIQUE

JEU DE RÈGLES

L’enfant répète des mouvements, avec ou sans objet.

L’enfant manipule des objets pour créer quelque chose.

L’enfant fait semblant : il imagine des objets et joue des rôles.

L’enfant reconnaît et adopte des règles pour jouer.

JEUX SOCIAUX

COMPORTEMENT LATENT

COMPORTEMENT DU SPECTATEUR

JEU
SOLITAIRE

JEU
PARALLÈLE

JEU
ASSOCIATIF

JEU
COOPÉRATIF

L’enfant observe le jeu des autres sans engagement.

L’enfant observe le jeu des autres et interagit avec eux.

L’enfant joue seul et ne s’occupe pas des autres qui l’entourent.

L’enfant joue seul, mais en présence d’autres enfants, sans interagir avec eux.

L’enfant joue et interagit avec les autres.

L’enfant est impliqué avec d’autres enfants dans un jeu et partage avec ceux-ci des buts communs.

Source : ISENBERG, J. P. et JOLONGO, M. R. (1993) : trad.

G. Types (salle de classe). Selon Barbara BOWMAN (1988), il existe trois types de jeux que l’on peut pratiquer en salle de classe : 1. le jeu libre (donner à l’apprenant la chance d’agir sur l’environnement d’une manière spontanée et non contrôlée); 2. le jeu d’observation (type de jeu qui permet à l’enseignant d’évaluer le développement cognitif, émotionnel et social de l’apprenant); et 3. le jeu planifié (c’est-à-dire le jeu conçu pour atteindre des objectifs éducatifs). Selon Nicole DE GRANDMONT (1995), il y a trois types de jeu en pédagogie qui se vivent dans un continuum progressif. D’abord le jeu ludique : un jeu sans règles ni structures préétablies, qui fait appel uniquement à la pensée divergente (solutions multiples) supportée par l’intériorité du joueur et qui est indispensable au bon développement de tout individu. Le jeu ludique fait appel à l’imaginaire, au merveilleux et il favorise la créativité. Dans le jeu ludique, les règles évoluent selon les caprices du joueur, sans limites de temps et d’espace. Comme l’explique Marie Madeleine RABECQ-MAILLARD (1969), c’est une activité gratuite par excellence, sans autre but qu’elle-même et que les divertissements qu’elle entraîne. Ensuite vient le jeu éducatif : le premier pas vers la règle et la structure des consignes fermées permettant l’apprentissage de notions et de concepts et qui permet ainsi d’accroître les connaissances. C’est un jeu sans libre choix et axé sur l’instruction de l’élève (VIAL, J., 1981). Enfin vient le jeu pédagogique : il permet de vérifier, d’évaluer et de confronter ses compétences (comme dans un test) teinté du plaisir de performer; il fait appel uniquement à la pensée convergente (solution univoque); c’est un moyen pour mesurer des connaissances acquises par un sujet.

H. Apprentissage du jeu chez l’enfant. Le jeuest un moyen privilégié d’interaction et d’évolution. Il constitue pour l’enfant l’instrument par excellence pour explorer l’univers, le comprendre, le maîtriser. L’apport du jeu dans le développement et l’apprentissage des enfants ne fait aucun doute. Le jeu doit être considéré comme l’outil essentiel d’expression et d’intégration de l’enfant. Il s’appuie souvent sur des moyens dont l’enfant dispose, comme son langage, ses capacités motrices, etc. L’enfant joue avec des matériaux naturels ou fabriqués qui l’amènent à interagir avec son environnement. Il utilise les matériaux de façon imprévue et inusitée. Tout est prétexte au jeu pour l’enfant. C’est une activité spontanée et une expérience positive. À travers ses jeux, l’enfant nous fait part de ses expériences, de ses émotions, de ce qu’il connaît et de ce qu’il voit. Il fait des découvertes et développe de nouvelles habiletés. Même si certains aspects de son jeu peuvent être stéréotypés, l’enfant y apporte toujours des variantes personnelles. Le jeu est une activité dont la caractéristique première est le plaisir. Elle suppose le libre consentement de l’enfant; elle ne peut lui être imposée __ MINISTÈRE DE LA FAMILLE ET DE L’ENFANCE (1997).

I. CN : logiciel de *; meneur de *; pédagogie du *; simulation-*.

» Dictionnaire